Quelle nouille, cette cornebidouille !

Il était une fois, il y a bien longtemps, un bucheron qui s’appelait Maxence. Il vivait seul. Il habitait dans un petit chalet lumineux en bois bleu, niché au creux de la forêt finlandaise.

Il avait les cheveux bouclés, sa casquette verte toujours sur la tête, les yeux bleus, une éternelle chemise à carreaux recouverte d’une doudoune.

Maxence avait un animal de compagnie : un jeune Golden Retriever. Avec Tonka, son chiot, le bucheron aimait par-dessus tout jouer dans la forêt enneigée.

De l’autre côté de la colline vivait une sorcière qui s’appelait Cornebidouille. Son plat préféré était la soupe aux champignons périmés avec de la bave de crapauds. La formule magique qu’elle disait souvent était « Carabidouille » et quand elle en avait assez, elle marmonnait toujours « Nom d’une crotte de bidouille ». Elle vivait dans un manoir sombre, éclairé par des chandelles, qui donnait la trouille à ceux qui s’en approchaient.

A l’orée de la forêt, dans un petit village, Mylo, douze ans et sa sœur Clara, neuf ans, allaient souvent espionner la demeure de la sorcière. C’était leur habitude. Derrière un buisson, collés contre le mur, ils regardaient par la fenêtre. A l’intérieur, il y avait un grand bazar : du fenouil et des andouilles pendues au plafond, des citrouilles sur la cheminée couverte de poussière et même … des grenouilles qui sautaient partout !

Un beau jour de printemps, bien décidés à connaître la recette de la potion de Cornebidouille, Mylo et Clara allèrent jusqu’à l’horrible demeure. Sur la porte, ils découvrirent un panneau avec écrit « INTERDIT D’ENTRER. DANGER DE MORT ». Les enfants, pas très rassurés, toquèrent à la porte. Cornebidouille leur ouvrit. Elle les prit par la main et les assit sur des chaises pour partager un repas CONVIVIAL. Au menu : cuisses de grenouille, frites moisies et bol de soupe aux champignons périmés ! Bien que Clara aurait préféré se régaler d’une ratatouille, elle fit honneur au plat de Cornebidouille sans se douter de ce qui les attendait. En effet, après le dîner, c’est un mauvais tour que la sorcière leur joua : elle brandit sa baguette magique, hurla « Carabitouille, transformez-vous en nouilles ! », mais ça ne fonctionna pas… Elle poussa alors les enfants de leurs chaises, les ligota et les mit dans sa cave très froide et sombre où il y avait des araignées, des rats, des souris.

Au même moment, Maxence et Tonka qui jouaient à cache-cache non  loin de l’effrayante maison entendirent des bruits étranges. Ils commencèrent à marcher dans la forêt interdite et s’approchèrent du manoir. Les arbres semblaient les fixer du regard. Cornebidouille, qui s’était installée dans son fauteuil pour réfléchir à la façon dont elle allait pouvoir se débarrasser des enfants, surprit le bûcheron en train de l’espionner par sa fenêtre. Elle se pressa de lui préparer un piège. Mais au moment de lui jeter un sort pour le capturer à son tour, Tonka se mit devant son maître. Il reçut le sort à sa place et se transforma en abominable monstre.

Le maître de Tonka ne savait pas quoi faire. Il était désespéré. Il supplia Cornebidouille de lui rendre son apparence mais la terrible sorcière refusa.

Pendant ce temps, Mylo et Clara collaborèrent pour sortir de la cave. Il y avait des toiles d’araignées, un squelette, des fioles renversées et des rats morts qui les embếtaient pour essayer de trouver une solution pour se libérer. Soudain, Mylo sentit un morceau de verre près de sa main. Il réussit à s’en emparer et coupa ses liens ainsi que ceux de sa sœur. Ensuite, ils essayèrent de dégager les énormes toiles d’araignées qui obstruaient le passage. Il faisait très sombre pour tout retirer et Clara se mit à hurler car elle avait peur du noi,r . 

Mylo dit :

  • “Arrếte de pleurer, la sorcière va nous entendre !”

Mais il était trop tard, la sorcière les avait entendus. Elle descendit en criant : 

“ C’est quoi ce boucan ? Taisez-vous ou je vous passe à la broche plus vite que prévu ! ” 

Clara terrifiée à l’idée d’ếtre embrochée, se ressaisit et aperçut une petite lueur qui provenait d’une fenêtre en hauteur. 

Ils eurent juste le temps de s’échapper par celle-ci bien que la sorcière pensait cette ouverture inaccessible. Clara, qui était plus agile que son frère, n’eut pas très mal en retombant. En revanche, Mylo se tordit la cheville.

Elle n’eut pas le temps de lui demander si tout allait bien car ils entendirent un cri aigu. C’était Maxence qui courait car il avait très peur de Tonka qui était devenu un gros monstre tout vert, à la peau gluante, avec sept griffes à chaque patte et de gros yeux jaunes.

Dans sa course folle, Maxence percuta les deux enfants qui tombèrent au sol. Tous trois se relevèrent un peu étourdis et Maxence regarda en arrière le monstre Tonka  qui restait figé devant l’entrée de la maison de Cornebidouille.

Maxence leur dit :

« Mon chien, mon chien ! la maudite sorcière l’a transformé en terrible monstre. »

Clara remarqua alors que Maxence avait la baguette magique de la sorcière dans ses mains mais le pauvre bûcheron ne s’en était pas aperçu dans la panique. Ils eurent l’idée de retourner dans la cuisine de la sorcière pour y chercher le grimoire qui leur donnera la potion pour se débarrasser d’elle et qui ôtera le sort jeté à Tonka. Sans aucun doute, la baguette magique leur sera très utile.

Tout discrètement, ils s’approchèrent de l’entrée de la maison tandis qu’ils virent Tonka rôdé autour de la demeure de sa diabolique maîtresse. Maxence prit son courage à deux mains pour détourner son attention; après tout… c’était son chien ; il devait pouvoir trouver un moyen de le distraire pendant que les enfants rentrèrent dans la cuisine. Par chance, Maxence avait gardé dans sa poche le jouet « Pouille- pouille », le jouet préféré de Tonka. Comme à son habitude, Maxence jeta « Pouille-pouille » dans la neige en direction du regard du monstre. Celui-ci attiré par le son de l’objet courut et le mordilla avec entrain. D’un coup, la magie des souvenirs et de l’amitié fut d’une telle force que Tonka se transforma petit à petit en chien.

Dans la cuisine, les jeunes enfants se rendirent compte de l’absence de Cornebidouille sûrement partie cueillir des champignons moisis et ouvrirent rapidement le grimoire pour trouver la formule qui pourra transformer Cornebidouille en nouille.

Clara s’écria : « Euréka, j’ai trouvé ! » pendant que le pauvre Mylo se reposait de sa douleur à la cheville.

« Citrouille, nouille, scarabidouille, transforme-toi en nouille. », voilà la formule magique qu’il faudra prononcer quand Cornebidouille reviendra. »

 À cet instant,  Maxence entra dans la cuisine avec son fidèle compagnon retrouvé sous le regard ébahi des enfants en découvrant l’animal. Le jeune bûcheron écouta Clara lui raconter sa trouvaille. Tous les trois se préparèrent à attendre le retour de leur ennemie quand la porte s’ouvrit laissant apparaître un nez pointu surmonté d’une grosse verrue.

Maxence brandit la baguette magique en direction de la méchante femme  pendant que d’une voix puissante, les deux enfants crièrent : « Citrouille, nouille, scarabidouille, transforme-toi en nouille. » La baguette magique envoya un rayon de lumière qui éblouit la sorcière et qui la transforma en nouille pour des décennies.

Les enfants et Maxence éclatèrent de rire en criant « Nous avons réussi, nous, au moins ! …et pourtant nous ne sommes pas des sorcières. »

Ils rentrèrent tous les quatre heureux et fiers en pensant à l’issue de ce combat, au sort qu’ils avaient réussi à jeter sur Cornebidouille. Ils avaient hâte de raconter leur aventure au village et de montrer la sorcière transformée en nouille. Et quelle nouille ! Elle était plus grosse que nature et plutôt appétissante, alors qu’au départ, ce personnage était particulièrement laid.

Arrivés au village, tout le monde les félicita pour cette glorieuse victoire. Un banquet fut dressé et une scène fut installée sur la place. Cela pour présenter la fameuse nouille à tous les habitants. Le soir même, sur l’estrade, Maxence, Mylo et Clara accompagnés du chien Tonka, prirent plaisir à mimer le combat, pendant que tous festoyaient. Au moment de montrer la nouille, il se produisit un événement inattendu ! La pâte émit soudain un son puis s’exclama :

_ « Ha, ha, ha ! Bandes de nouilles ! J’ai toujours mes pouvoirs magiques ! Rendez-moi mon apparence, sinon… ».

Elle n’eut pas le temps de mettre sa menace à exécution car, tout d’un coup, le chat du village, nommé Brillant, bondit sur la scène et l’avala tout rond ! Ça en était définitivement fini de Cornebidouille !

Et pour de bon, cette fois-ci !

C’est comme cela que l’histoire se termina. Ils vécurent heureux, à l’abri de tout ennemi.

FIN