Le son se répandait à la surface de l’eau et celle-ci se mettait à bruisser.
Partie 1 : Situation initiale du 18 au 29 novembre 2024 – Club ARECS
Ce jeudi 31 octobre 1968, Mélusine, jeune institutrice brestoise de 21 ans, décide de profiter de cette journée sans classe pour trier le contenu des caisses de livres, de journaux, de papiers divers qu’elle a ramenées voici quelques mois de la maison de son père décédé en janvier.
Pensant que le tri serait rapide, elle commence par la caisse contenant les journaux qui n’ont, pour elle, pas d’autre intérêt que celui de servir à allumer le feu dans la cheminée de son appartement. Elle saisit une paire de ciseaux et coupe avec énergie la grosse ficelle de chanvre qui entoure la première caisse qu’elle ouvre puis referme précipitamment en criant : « Oh ! Non, non, pas ça… ». Elle s’assoit quelques instants, la tête dans ses mains, respire profondément et retourne vers la caisse qu’elle rouvre délicatement. Elle en sort avec précaution un journal intitulé Anh Sang, avec une écriture étrange sous son titre. Incapable de déchiffrer ces signes illisibles, elle tourne les pages, à la recherche d’images. Enfin, sur les pages centrales, elle trouve l’inattendu : sous un titre central ʺ LA COCHINCHINE ʺ, des photos en noir et blanc sous titrées de légendes écrites en français. Le mot « Cochinchine » active soudain l’imagination de Mélusine et la replonge dans ses souvenirs d’enfance. Elle éprouve une sensation de fraîcheur et revoit, comme dans un rêve, les brumes de la baie de Ha Long avec ses innombrables îlots de rochers, de taille impressionnante, qui, tel un énorme dragon, hantent le génie des eaux. Des jonques en bambou dansent sur les flots au rythme des vagues et les cris des cormorans, dressés par les pêcheurs, transpercent l’épais brouillard cotonneux. Elle tremble d’effroi, mais le souvenir des bras de son père au creux desquels elle se blottissait alors et celui de sa voix de ténor qui lui chantonnait de douces paroles la rassurent enfin et elle se surprend à les chantonner à son tour.
Elle laisse venir à elle les souvenirs de son enfance, jusqu’ici enfermés à double tour dans un coin de son cœur. Elle perçoit soudain une voix douce qui l’endort avec des paroles qu’elle ne comprend pas et entrevoit comme un chatoiement de soie : ses parents avaient engagé une nounou vietnamienne pour l’éduquer. Elle s’appelait Nhi, elle était douce, calme. Elle est soudain envahie d’une immense tristesse qui lui semble cacher une colère profonde ; il y avait bien de quoi : le jour de ses 5 ans, elle avait pleuré toute la journée car ce jour-là, Nhi avait été remplacée par une Française sévère et braillarde, une des filles du Haut Commissaire, qui est devenue son institutrice privée qu’elle n’a jamais aimée. Elle en voulait à ses parents et deux mois plus tard, pour la consoler, son père, qui était journaliste l’avait emmenée visiter cette baie de Ha Long. Quelques mois plus tard, il fut renvoyé en France pour faute professionnelle et la famille s’installa en région parisienne et plus jamais le Vietnam ne fut évoqué.
La découverte de ce journal vietnamien devient comme une intrigue à résoudre. Ses parents lui avaient toujours dit qu’au Vietnam son père était correspondant de presse pour le Figaro et qu’à leur retour en France, seule la direction d’Ouest-France lui avait proposé un poste de journaliste à Rennes où ils avaient dû emménager. Alors pourquoi tous ces journaux Anh Sang conservés si précieusement et ces deux pages de photos avec un titre et des légendes en français ?
Partie 2 : Élément déclencheur du 2 au 13 décembre 2024 – Classe de Mme Chalmin
Mélusine se demande de quoi parlent ces journaux.
Elle décide de rechercher un spécialiste en déchiffrage d’écritures vietnamiennes.
L’institutrice recherche dans son annuaire et feuillette une dizaine de pages avant de trouver les coordonnées d’un expert d’anciens journaux. Il s’agit de Mr Charpot. Elle décide de le contacter avec son téléphone fixe.
-« Bonjour Monsieur, êtes-vous bien Mr Charpot ?
– Bonjour Madame, oui c’est bien moi, que puis-je faire pour vous ?
-J’ai trouvé des vieux journaux dans les cartons de mon papa décédé. L’un d’eux s’intitule Anh Sang , on peut y voir des photos en noir et blanc et des écritures étranges . Un mot est écrit en gras : La cochinchine
– Ah, je crois que j’ai déjà vu ce mot, répond Mr Charpot. Un de mes clients m’a déjà évoqué ce nom. Attendez, je vais chercher dans un de mes classeurs ! Ne raccrochez pas je reviens tout de suite »
Mélusine est joyeuse à l’idée qu’elle se trouve sur la bonne piste.
- « Madame, Madame, j’ai trouvé ce mot dans mes fiches, c’est un mot vietnamien.
- Je me souviens d’avoir voyagé avec mon papa au Vietnam, quand j’étais petite.
- Pour en savoir plus, je vous conseillerai de retourner au Vietnam pour retrouver l’éditeur du journal, dit Mr Charpot
- Je vous remercie pour vos informations et votre aide, répond Mélusine.
Puis elle raccroche le téléphone.
L’institutrice décide d’écouter les conseils du spécialiste et de se rendre au Vietnam.
Elle prépare donc ses valises pour ce long voyage.
Partie 3 : Série d’actions du 6 au 17 janvier 2025 – Classe de Mr Beaumesnil
Une fois ses bagages terminés, elle se rend à l’aéroport en taxi. Quand elle arrive, elle aperçoit une boulangerie. Mélusine s’achète un croissant pour le voyage puis elle s’installe dans un fauteuil de la salle d’embarquement pour attendre son avion. En face d’elle se trouve un vieil homme qui lit le journal. Mélusine voit à la une les dernières nouvelles sur le conflit au Vietnam. Elle sent du stress monter en elle. Quand l’aéroplane arrive elle monte à bord et une hôtesse la guide vers son siège près d’un hublot. Durant le voyage, elle feuillette un vieux guide touristique intitulé : « Les plus beaux paysages de Cochinchine ». Au bout d’un certain temps, elle s’endort. Ses rêves l’emmènent vers la baie de Ha Long. Elle y voit une étrange barque dans laquelle se trouve des violonistes. Ils sont dirigés par une femme qui lui semble familière. Le son se répandait à la surface de l’eau et celle-ci se mettait à bruisser. En se réveillant, elle a le sentiment que cette femme était Nhi. Après un long trajet, la jeune brestoise arrive à Saïgon. Avant d’atterrir, elle aperçoit par le hublot des montagnes, des cascades et la rivière Saïgon qui prend sa source au Cambodge. En sortant de l’avion, la première chose qu’elle remarque est la différence de température avec la France. Le Vietnam présente un climat chaud et humide. Il fait 28 degrés le jour de son arrivée.
Une fois sortie de l’aéroport, elle voit de nombreux avions militaires décoller et des soldats surveiller les voyageurs. L’inquiétude qu’elle ressentait depuis son départ se transforme en peur. Malgré cela, elle continue sa route et trouve un hôtel pour y passer la nuit. L’institutrice part se reposer, car le lendemain elle a planifié de retrouver son ancienne nourrice. Elle n’est pas certaine de pouvoir le faire en raison des combats dans le pays. Pendant son voyage elle espère rencontrer des animaux comme des tigres, des éléphants ou même des gibbons qui vivent dans l’épaisse forêt du Vietnam.
Après s’être reposée l’institutrice décide de chercher l’ancienne maison de Nhi. Elle se souvenait du chemin parce qu’elle la raccompagnait parfois avec son père. Quand elle y arrive, elle découvre que c’est la cousine de Nhi qui occupe maintenant la maison. Heureusement la cousine parle français. Elle indique à Mélusine que Nhi habite dorénavant à Hué et lui donne son adresse. La jeune Brestoise est donc obligée de prendre le train vers le nord.
Lorsqu’elle arrive à destination elle aperçoit une femme qui ne la reconnait pas. En s’approchant un peu, Nhi voit la chaîne et le pendentif que porte Mélusine. Elle lui demande d’où provient le bijou. Notre héroïne lui raconte l’histoire de sa nounou qui le lui a offert en cadeau. Nhi reconnait alors Mélusine. Elle la prend dans ses bras et l’invite chez elle. Nhi lui prépare une bonne soupe tonkinoise, du riz gluant accompagné de nems. Après avoir longuement discuté Mélusine demande à sa nourrice si elle a des informations sur son père. Elles décident de se rendre dans les locaux de l’ancien journal où le père de Mélusine a travaillé. Nhi lui fait la promesse de l’aider le lendemain malgré les dangers de la guerre.
Partie 4 : Le dénouement du 20 au 31 janvier 2025 – Classe de Mme Rouillard
Au petit matin Mélusine se réveille, le soleil est à peine levé. La jeune femme s’habille et descend l’escalier. Elle prend son sac, enfile son écharpe et son manteau. Nhi prend le sien en soie. Mélusine a décidé de se rendre aux locaux du journal Anh Sang.
Les deux femmes se mettent en route. Mélusine est étonnée des maisons aux couleurs chatoyantes, des passants aux visages heureux. Des beaux origamis, des éventails, et des fleurs de cerisier et de monoï sont suspendus aux vitres et aux fenêtres.
« Tu es dans la ville de la paix, lui chuchota Nhi. La guerre nous a épargnés. »
Mélusine s’arrête brusquement, elles sont arrivées au journal. La couleur rouge vif du bâtiment leur pique les yeux. Mélusine, déterminée, rentre dans le bâtiment et découvre un vieil homme. Mélusine lui explique qu’elle est la fille de Jean-Pierre Garnier, un ancien journaliste de Anh Sang. À l’évocation de ce nom, Monsieur Hang Dao les invite à entrer.
Hang Dao révèle que Jean-Pierre n’a pas seulement été journaliste : il a secrètement collaboré avec des résistants vietnamiens pendant la guerre d’indépendance contre les Français. Anh Sang était un journal utilisé pour transmettre des messages codés aux combattants, secrètement. Lorsque les autorités coloniales ont découvert son implication, le père de Mélusine a été contraint de quitter précipitamment le Vietnam, officiellement pour une « faute professionnelle ».
Hang Dao sort d’un tiroir des lettres écrites par Jean-Pierre. Une des lettres était adressée à Nhi :
Ma chère Nhi,
Après vous avoir rencontrée, je vous propose de devenir la nourrice de ma petite fille bien aimée Mélusine, non seulement pour l’élever mais aussi assurer la sécurité de notre famille.
J’espère qu’un lien d’amour entre vous et ma fille se créera et durera le plus longtemps possible.
Jean-Pierre Garnier
Mélusine est très triste car son père ne lui avait rien dit. Elle est en colère car la France a brusquement renvoyé toute la famille du Vietnam. Mais au fond d’elle, la jeune femme est bouleversée. Elle comprend enfin pourquoi son père avait gardé ces journaux et pourquoi le Vietnam avait été si brusquement effacé de leur vie. Mélusine pense que son père est un vrai héros car il a défendu la liberté des Vietnamiens. Elle est très fière de lui et elle se rend compte qu’il a conservé ces journaux car il regrettait de ne pas avoir assez aidé les Vietnamiens.
Partie 5 : La situation finale du 3 au 28 février 2025 – Classe de Mme Langlais
Mélusine ne sait pas quoi faire. Elle a envie d’en savoir plus sur le passé de son père et pense à toutes les archives qu’elle a encore à trier. Peut-être apprendra – t-elle d’autres choses ?
Elle a aussi très envie de rester au Vietnam, car les souvenirs d’enfance qui ont resurgi dans sa tête et dans son cœur la ramènent ici. En discutant avec Nhi, la veille, celle – ci avait évoqué les endroits que la fillette aimait. Elle lui a proposé de lui faire redécouvrir ces lieux qu’elle affectionnait tant.
Mélusine rentre en France et décide qu’elle reviendra s’installer au Vietnam lorsque ses affaires seront réglées. Comme elle n’a plus de parents (sa mère était morte de chagrin quelques semaines après le décès de son mari), rien ne la retient en France. Elle va terminer l’année scolaire et chercher un poste d’institutrice dans une école où elle pourra enseigner le français. Ainsi elle pourra aider Nhi qui vieillit et poursuivre l’œuvre de son père…